Du 30 avril au 28 mai 1916, on ne dispose que de 2 équipes de riveurs.
Du 27 mai au 24 août 1916 on disposa enfin du personnel voulu, 30 riveurs noirs venus de Léopoldville, 8 riveurs blancs recrutés à Johannesburg.
Il y avait 90.000 rivets à placer et 1.500 mètres de joints à mater.
Le 1er juillet 1916, 45.000 rivets étaient placés et le matage commençait à raison de 200 mètres par semaine.
Le 9 juillet, la construction du berceau débutait.
Le 30 juillet, commence le travail d'alésage des passages d'arbres d'hélices et le peinturage de la coque.
Ce travail d'alésage mérite une mention spéciale
Les moteurs kromhout commandés en Hollande n'étaient pas exactement en rapport avec les plans de montage du vapeur.
Il fallut reprendre au burin à main dans les pièces de fondation en acier coulé de machines, une épaisseur de métal variant de 10mm à 25mm, sur 4 longerons de 10mm sur 1 mètre 20.
Cette opération pénible fut exécutée en cinq jours et cinq nuits par les monteurs européens.
D'autre par les garnitures en métal antifriction des tubes d'étambot et des supports extérieurs des arbres avaient des diamètres extérieurs différents des diamètres intérieurs de ces tubes et des vides de ces supports.
Il fallait faire couler à Kindu des buselures en bronze, les placer et les aléser intérieurement pour leur permettre de recevoir les garnitures de passages d'arbres.
Des dispositifs de fortune durent être employés en l'absence de tout autre moyen.
Des manchons garnis de couteaux furent fixés sur les arbres d'hélices. Des poulies en bois calées sur les arbres étaient entraînées par des treuils à bras.
Du 30 juillet au 20 août, le travail d'alésage s'est poursuivi. Quinze jours et quinze nuits durant, le travail a dépassé la limite de l'effort de l'homme sous les tropiques.
Le 13 août l'arbre d'hélice bâbord était en place.
L'appontement destiné au Baron Dhanis était commencé.
Le 18 août le niveau des eaux du lac baisse, et les calculs du lancement établis faisaient craindre que l'étambot ne touche le fond du lac, le service du génie donne ordre de débarquer les machines déjà montées dans le bateau.
Le 23 août, l'arbre de tribord est en place, le berceau terminé, l'avant cale construite et la coque prête au lancement.
Elle pesait environ 200 tonnes.
Le 24 août, à 6 heures, la coque est amenée sur le berceau, la cale de lancement dégagée.
A 17 heures 40, les clefs étaient levées et en dix secondes le Baron Dhanis se met à flot sur le Tanganiyka.
Les machines motrices sont installées, ensuite les machines auxiliaires, guideau,
machine à gouverner, treuils de mâts de charge.
Un nouveau problème se présentait, les machines auxiliaires étaient actionnées par la vapeur, conformément au projet primitif du bateau.
Une chaudière de sonnette à vapeur fut trouvée au chemin de fer des Grands Lacs, mais la tuyauterie manquait. Il fallait 150 mètres de conduite de vapeur. Après des recherches sans résultat dans toute la Colonie, on en fut réduit à utiliser de vieux tubes de fumée des locomotives, munis de collets brasés et mis bout à bout.
Ces tubes n'avaient que 2 mètres 50.
Les mâts en acier furent rempiacés par des mâts en bois de la forêt de Kindu.
Les ancres manquaient encore, et les chaînes correspondant aux empreintes du guideau.
Les essais donnèrent toute satisfaction.
Texte écrit par le Colonel Moulaert
Commandant du groupe du Tanganiyka 1916-1917